A l’Automne, près de Dinan, on aura la première récolte de riz…100% breton
Les rendements observés sur cette parcelle expérimentale ont affiché des performances quatre fois supérieures à une rizière classique.
On ne cultive pas en Bretagne que du blé ou du maïs. On y fait aussi pousser… du riz. Après un échec en 2015 puis une expérimentation réussie, une première récolte aura lieu l’automne prochain à Évran, près de Dinan, sur des terres salines qui rendent le riz vert émeraude. Semé dans des petits godets sous serre pour permettre la germination, le riz est ensuite planté début juin puis arrosé avec parcimonie. La température du sol ne doit pas chuter sous les 14 °C. Autre condition, il faut entre 90 à 250 jours de soleil. «Nous avions planté notre riz dans l’eau la première année mais, comme la température ne dépasse pas 14 °C, cela n’a pas poussé, rapporte Alexandre Reis, l’exploitant. Un paysan malien m’a recommandé de le planter en terres sèches et cela a marché.»
Suivis par des ingénieurs agronomes, les rendements observés sur sa parcelle expérimentale de 2 ares ont affiché des performances quatre fois supérieures à une rizière classique, les semences n’étant pas stressées par l’eau. Fort de cette expérience, Alexandre Reis a planté cette année 8 ares. «Nous organiserons une soirée dégustation participative lors de la prochaine récolte pour financer le dépôt d’un brevet d’un riz 100 % breton, explique l’exploitant. L’an dernier, nous avions pu servir une quarantaine de repas à l’issue de notre première récolte.» Une curiosité qui attire les chercheurs et aussi les touristes du monde entier. Le domaine du Triskell rouge, où est aussi cultivé du safran – une épice surnommée l’or rouge -, se visite toute l’année.
Dinan. Le riz a un bel avenir devant lui en Bretagne !
12/04/2017 – 07H20 Dinan (Breizh-info.com) – Le 25 février dernier Alexandre Reis et Alexandre Laverty faisaient déguster leur première récolte de riz 100 % breton. Aujourd’hui, l’expérimentation se poursuit avec de belles des perspectives de développement pour cette nouvelle agriculture en Bretagne.
Les perspectives d’avenir
Les résultats de cette première phase expérimentale s’avèrent à la fois positifs et instructifs. C’est une semence italienne qui s’est finalement le mieux acclimatée en Bretagne.
Pour mémoire, 7 variétés avaient été plantées, seulement 3 ont été récoltées et désormais il n’en reste qu’une. Fait étonnant cette variété qui est blanche partout, est devenue ici vert émeraude. Est-ce lié au climat, à la terre des faluns dans laquelle elle est plantée, à la proximité de la côte d’Émeraude et donc l’iode ? Pour l’instant le mystère reste entier, en tout cas elle affiche déjà clairement son territoire et aussi sa singularité gustative.
Ce riz complet offre des saveurs cacahuète, vanille, et une texture proche du Quinoa, avec un cœur moelleux, tout en restant ferme à l’extérieur. Bref un vrai Breton
Cette toute nouvelle semence née en Bretagne va désormais être plantée sur 500 m², afin de poursuivre l’expérimentation. Des tests avec d’autres semences vont se poursuivre en parallèle. L’objectif à terme est de déposer un label et obtenir une AOP pour ce riz breton. Un riz complet, protégé qui pousse donc en terre de falun au cœur de la Vallée de la Rance et en culture biologique.
Côté rendement
Il faut aujourd’hui 4 kg de semence de ce riz breton pour 1 hectare planté, le rendement est de 1.3 tonnes. Dans les autres zone de productions en zones immergées, aujourd’hui il faut entre 70 et 80 kg de semence/hectares pour 2 à 5 tonnes de rendement, en culture bio comme c’est le cas sur le riz breton.
Le rendement en Bretagne est donc proportionnellement de 7 à 11 fois supérieur, sur la même variété. Les perspectives de développement sont réelles, pour proposer un riz d’exception, loin des modèles industriels. Un riz responsable cultivé en zone humide, qui préserve au passage son écosystème. Cette expérimentation réussie ouvre donc la voie à une nouvelle agriculture, de nouvelles ressources économiques et donc de l’emploi.
Alexandre Reis espère dès cette année améliorer ses quotas, riche d’une bonne expérience sur ces terres déjà cultivées.
Développer un riz breton, l’incroyable défi
Alexandre Reis est un exemple de reconversion et de passion. Cet homme, habité par les valeurs de la terre, a commencé des cultures expérimentales dans le but de développer une semence de riz qui puisse être cultivée en Bretagne. Grâce à des paysans ingénieurs agronomes Italiens et Asiatiques qui lui ont confié plusieurs variétés de semences, et aussi par le biais du CFR (centre français du riz) il souhaite expérimenter, acclimater et faire labelliser une semence de riz spécifiquement adaptée aux spécificités bretonnes.
L’expérimentation est prévue sur 3 ans. À terme, Alexandre Reis et son associé Alexandre Laverty ont pour objectif d’obtenir une semence de riz assez résistante et de la faire labelliser.
Alexandre Reis est né au Portugal. Il a fait sa carrière aux grès des voyages tant en France qu’à l’étranger comme free-lance pour la haute couture. Une activité à mille lieues de sa vie actuelle. En 2010, tombé amoureux de la région pendant des vacances, il n’en est jamais reparti. A Evran, il fait l’acquisition d’une demeure du 18ème siècle entourée de 5 hectares de terres. Un site exceptionnel qui fait naitre en lui un nouveau projet. Il se lance dans l’agriculture et cultive du safran avant de se lancer dans la production du premier riz breton.
Appuyé par le label « made in Dinan » – dont il est ambassadeur, il peut ainsi mener à bien son expérimentation tout en assurant la promotion du patrimoine local.
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